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Anaplama ovis en Corse : la bactérie sous le feu des projecteurs

C’est le 7 septembre dernier que Mélanie Fontugne a soutenu sa thèse vétérinaire à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes (Oniris).

Ses travaux de thèse entrent dans le cadre d’une enquête conçue et pilotée par l’INRA d’Alfort, par ONIRIS et par la FRGDSB20 visant à décrire l’épidémiologie d’Anaplasma ovis sur le cheptel caprin en Corse, et à déterminer si sa présence peut être associée à une altération de certains marqueurs de santé.

 

Anaplasma ovis est une bactérie qui infecte les globules rouges des caprins, des ovins et de certains ongulés sauvages, et représente la cause la plus fréquente d’anaplasmose chez les petits ruminants. Cette bactérie, transmise par des tiques, est présente sur presque tous les continents ; elle est très fréquente sur le pourtour méditerranéen, et notamment en Corse où des études récentes montrent une forte prévalence de l’infection chez les caprins et les ovins.

Son impact clinique est en revanche controversé dans la littérature. Souvent asymptomatique, l’infection par A. ovis peut néanmoins être associée à un syndrome fébrile, voire une anémie hémolytique, notamment en cas de stress.

 

Compte-tenu de la forte prévalence de l’infection par Anaplasma ovis suggérée récemment dans une enquête menée chez la chèvre en Corse (2014), cette étude a été développée avec pour objectifs :

  • de préciser la prévalence et la distribution de l’infection par A. ovis chez les caprins en Corse,
  • d’identifier des facteurs de risques associés à l’infection par A. ovis,
  • d’étudier son impact sur la santé, seule ou en association avec d’autres agents potentiellement responsables d’anémie (paratuberculose et infestation par les strongles digestifs).

 

Il s’agit d’une enquête de grande envergure dont les opérations de terrain ont été conduites par la FRGDSB20 au printemps 2016 dans 55 élevages et sur 550 chèvres de la région (prélèvements), avec des analyses de laboratoire qui se sont échelonnées entre 2016 et 2017 au Laboratoire d’Analyses de Haute-Corse, à ONIRIS et à l’INRA d’Alfort.

Cette enquête a donné lieu à deux thèses vétérinaires, où sont exposés en détails tous les résultats de l’étude :

  • la thèse de Myriam Denoual, consacrée à la diversité génétique des souches d’Anaplama ovis isolées dans le cadre de cette enquête.
  • la thèse de Mélanie Fontugne, dont l’objectif était de décrire la distribution d’Anaplasma ovis dans les troupeaux caprins en Corse, d’identifier différents facteurs associés à sa présence et son impact sur différents marqueurs de santé (anémie).

 

En résumé, cette enquête montre que la prévalence de l’infection par A. ovis chez les caprins est très élevée sur toute l’île, avec une prévalence individuelle de 52%, et une prévalence troupeau de 83,6%. Des taux d’infection plus importants sont remarqués dans les systèmes d’élevage plus traditionnels et situés aux altitudes les plus élevées, où l’exposition aux tiques est plus marquée. Ces taux d’infection plus élevés ne sont pas pour autant responsables de troubles de santé, car aucun lien entre le niveau d’anémie et le taux d’infection par A. ovis n’a pu être établi dans cette étude. Néanmoins, il a été montré que les animaux étaient plus fréquemment anémiés lorsque les chèvres étaient coinfectées par A. ovis et par Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis (l’agent de la paratuberculose).

Aussi cette étude invite, en pratique, à investiguer l’implication d’A. ovis devant toute anémie qui reste inexpliquée par l’hæmonchose, la paratuberculose et/ou l’alimentation (frottis sanguin, à compléter éventuellement par une recherche PCR en cas de positivité).

 

 

A souligner que les thèses de Myriam et de Mélanie ont toutes deux été proposées par le jury pour le prix de thèse.